Cette année est celle du centenaire de la Guerre 1914-1918.
Et
je souhaitais contribuer -modestement- à cette commémoration en
partageant avec vous des écrits et des photos, conservés dans ma famille
depuis cette époque. Alors, aujourd’hui, je vous propose de découvrir
un pan de mon histoire familiale à travers celle de deux de mes
grands-oncles paternels, Gabriel et Julien Grangeon.
Gabriel
et Julien, respectivement ainé et cadet, faisaient partie d’une fratrie
de cinq enfants. Leurs parents, Gabriel et Marie Grangeon, exerçaient
le métier de commerçants et étaient propriétaires de leur magasin de
faïences/verreries. Ils habitaient dans le sud-est de la France, en
Provence :
En août 1914, comme beaucoup d’autres, Gabriel et Julien (âgés d’une vingtaine d’années) furent mobilisés.
Envoi de Gabriel :
(carte postale associée au texte ci-dessous)
Lyon, 26 aout 1914
Chers parents,
Nous
sommes revenus de la Valbonne depuis 7 jours. Nous sommes partis de 18 à
6h½ du soir et nous sommes arrivés le 19 à 2 heures du matin, c’est à
dire que nous avons marché la moitié de la nuit et ce n’était pas gai.
Je suis en bonne santé et j’espère qu’il en est de même pour vous. Nous
allons partir dans 12 jours pour les manœuvres et en rentrant on sera de
la classe mais en attendant, c’est le 392. Le bonjour de ma part aux
parents, amis et connaissances.
Votre fils dévoué, Gabriel Grangeon
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Et les voici, tous les deux, en uniformes :
Messages de Julien :
Julien Grangeon, 163ème régiment d’infanterie, 26ème compagnie
Nice, le 30 décembre 1914
Chers Parents,
Je
vous souhaite une bonne et heureuse année et que celle qui vient
finisse mieux que celle-ci. Deux mots pour les paquets, il ne reste
presque rien. Le pâté était, comme les autres, excellent, la pâte de
coing aussi, quant au canard : « gnavi ques paou ». Donner le bonjour à
grand-mère et souhaitait lui une bonne et heureuse année pour moi. J’ai
reçu la carte d’Emile, elle m’a fait bien plaisir, je vois qu’il pense à
moi.
Votre fils qui vous embrasse, Julien Grangeon.
(carte postale associée au texte ci-dessous ; cliquez dessus pour l'agrandir)
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Le 16 avril 1915
Le 16 avril 1915
Cher frère,
Je
t’envoie un peu de mes nouvelles qui sont toujours excellentes. Et toi,
que fais-tu ? Est-ce que tu vas toujours à l’école ? Si la bicyclette
est un peu dégonflée, gonfle la un peu mais pas trop.
Ton frère qui t’embrasse, Julien.
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Mais,
à cette même période, Gabriel, blessé, fut fait prisonnier. Tout
d'abord, transporté dans un hôpital allemand à "Reinage", il fut
transféré peu de temps après en Allemagne, dans un camp concentration,
dit « de travail » :
(carte
postale du camp de concentration « Darmsardt », datée du 14 juillet
1915 et envoyée à ses parents avec pour tout texte : « Amical bonjour, Gabriel Grangeon. »)
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Et jusqu’à la fin de la guerre, seules quelques photos permirent à la famille de Gabriel de savoir qu’il était encore vivant :
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(la suite et fin de cette histoire de famille dans l'article suivant...)