28 février 2013

Portrait de brodeuse - Marguerite

marguerite20ans1c.jpg Marguerite Grangeon est née le 20 août 1895.
Elle appartenait à une famille nombreuse de milieu modeste composée de trois garçons et deux filles. Par ordre de naissance, elle était le troisième enfant et la plus âgée des filles :
Portrait de brodeuse - Marguerite
Souvent à cette époque, l'éducation des garçons était prioritaire sur celle des filles. Ces dernières n'y avaient accès que si les moyens financiers de la famille étaient suffisants...

Marguerite a eu cette chance, en effet elle a reçu une formation de repasseuse.
ouvragemarguerite2d.jpg A quatorze ans, Marguerite est allée travailler chez un teinturier. Et comme elle était habile de ses mains, elle proposait également de raccommoder et de broder du linge en plus du repassage.
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C'est à peu prés à la même époque qu'elle a commencé à réaliser son trousseau de jeune fille :
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Puis elle s'est mariée en 1920 à l'âge de 25 ans avec Désiré Roulier qui avait le même âge.
Et comme son mari était cheminot, elle a suivi celui-ci dans ses déplacements. Puis, après le décès de la mère de son mari, ce dernier a repris la ferme familiale dont il était propriétaire.

La broderie était son occupation du dimanche car elle ne faisait pas de gros travaux comme la lessive ou le repassage ce jour-là :
1930-jourtravauxaiguille2s   (Marguerite s'adonnant aux travaux d'aiguilles ;
elle est entourée de sa mère Marie (malvoyante) et de son mari.)

Mais Marguerite était financièrement dépendante de son mari pour acheter les fournitures de broderie et de couture. Et, bien que son mari soit très amoureux d'elle, il trouvait malheureusement cela superflu,
... alors Marguerite devait ruser pour les obtenir !
ouvragemarguerite2g.jpg Par exemple, en ne disant pas le nombre exact d'oeuf qu'elle avait vendu au marché, ainsi elle pouvait garder un peu d'argent pour elle...
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ouvragemarguerite2f.jpg (linges marqués aux initiales de son couple)

Marguerite n'a jamais eu d'enfant mais a beaucoup gardé ceux de ses frères, particulièrement ma mère.
Cependant, ne pas avoir d'enfant a été le plus grand regret de sa vie même si le fait d'avoir eu autour d'elle ses neveux puis ses petits-neveux a quelque peu adoucit ce manque.

C'est à l'âge de 67 ans, que son mari décède d'un cancer de la peau.
1960-margueriteetdesire2b.jpg Les années suivantes, Marguerite est venue passer les hivers chez sa sœur Rose qui habitait tout prés de chez nous. En fait sa maison était mitoyenne de la notre.
Puis quand Marguerite n'a plus pu faire les déplacements, elle s'est installée définitivement...

Car Marguerite était ma grand-tante, la sœur de mon grand-père maternel Émile. Et nous ses petits-neveux, nous l'appelions affectueusement : "tante Rite".
Pour l'enfant que j'étais alors, tante Rite était une petite vieille d'un mètre quarante sept au regard pétillant et qui n'entendait plus très bien.

Mais elle-même s'en amusait et plaisantait... elle nous disait : "Quand on me dit : "donne", je n'entends pas mais quand on me dit : "prends" alors là, j'entends !".
1970-margueriteetemile.jpg Elle était également travailleuse, énergique, joyeuse, bavarde (d'ailleurs, elle ne pouvait pas s'empêcher de commenter tous les films qu'elle regardait) mais aussi manuelle.
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Ses doigts noueux, avec ses nombreuses bagues, s'affairaient toujours sur quelques travaux d'aiguilles ou de bricolages.
Car elle avait de multiples talents : elle brodait, cousait, tricotait, crochetait, faisait des petits cadres en carton qu'elle offrait aux plus jeunes :
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Ou comme la petite couverture qu'elle avait confectionnée au crochet à l'occasion de ma naissance :
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Elle a d'ailleurs enseigné certaines de ces techniques -surtout le crochet- à ma mère puis, par la suite, à mes cinq sœurs.

Marguerite décédera à 90 ans des suites d'une leucémie chronique,
... c'était l'année de mes treize ans. 
*  *  *
Voici le premier portrait de brodeuse que je vous présente mais d'autres suivront certainement.
A travers ces articles, je souhaite consigner les quelques informations -même infimes- que ma mère m'a transmis sur les femmes de notre famille,
... afin qu'elles puissent continuer d'exister à travers notre mémoire.

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